Bon, la majeure partie du temps, Sparouine, c'est dur... Pourtant il y a des moments relativement intéressants (c'est moins intéressant que de se promener sur un lac de sel, que de visiter le Machu Picchu, la Grande Muraille, ou bien les contrées tasmanes, mais je me contente de peu...)
Alors voici quelques petites photos pas si mal (enfin ça n'engage que moi)...


Et pensez au concours des noms... si vous revenez de vacances! ... c'est dingue, ça fait une semaine que je l'ai lancé et il n'y a eu que 2 joueurs... Z'êtes tous morts?... Donnez signe de vie, SVP...

du poisson aux tomates, avec un chouilla

d'huile d'olive... c'est simple mais tellement bon après la diète au kwak...




C'est bon, vous avez fini votre casserole? ... Alors direction les abattis (à perte de vue)...




Quand je vous dis qu'il faut lutter contre les lianes rasoirs.... Tenez!

Et les rares habitants de la forêt non martyrisés (ils ont sû être discrets)... les batraciens!

Je sais, c'est pas une granouille ça... mais c'est vert pourtant... et ça a des gros yeux... Ah? il faut aussi qu'ils aient des pattes? OK, ça va...


Il veut pas se laisser prendre celui-là!





Aaaah... tout de même!

Celle-ci, il faut vraiment la chercher pour la trouver: elle fait 2cms... Alors que le gros pépère de tout à l'heure en faisait 25...
un crapaud-feuille (il y en a des centaines de sortes différentes)



Voilà mon coup de coeur batracien: Ginette!
Approchons-nous discrètement...


Hé!!! Pars pas sans non dire au revoir!
Coâ???

Comme quoi, la vue d'une belle grosse grenouille verte peut sauver votre journée...

Parce que les autres bestioles que vous croiserez en rentrant au village, c'est ça:

Un gosse....


Tiens, un autre gosse....




Quoi?!! Encore? Mais y'en a partout!!! C'est quoi cette démographie galopante??? 

Allez, il est temps de revenir à Kourou...

Tout d’abord, il y a la fabrication du kwak.

C’est parce que j’ai aidé pour sa préparation que j’ai eu droit à 4 kgs de kwak… (en gros j’en ai pour jusqu’à la fin de mon séjour !). D’abord, ça se prépare la veille : il faut aller chercher le bois pour le feu. A peu près 2m3 de bois.

Le matin, on se lève vers 5h du matin, on pèle les racines de manioc, on les met dans un broyeur, puis on place la purée obtenue dans des longs paniers tressés en feuille de palmier.











ça c'est le panier tressé bizarre...







On leste la base du panier et en s’étirant, ça vide le jus du manioc. Alors on obtient une matière semblable à … de l’argile je dirais…


Waaahhhh.... l'image et le texte concorde! C'est beau le progrès!! et le timing.... on voit qu'on a affaire à une spécialiste des blogs!!!


substance étrange, donc, que l’on frotte contre une grille.

On parvient à la forme finale du kwak : une semoule de manioc. Il ne reste plus qu’à la cuire dans une poêle géante posée sur le feu de bois.

Et puis les belibong (les graines de l’arbre à pain)

On bat le fruit sur l’arbre (un peu comme pour faire tomber les olives, sauf que là le fruit est beaucoup plus gros) pour qu’il explose et les graines tombées sont triées et lavées. Ensuite on les fait bouillir. Ça a le goût de châtaignes. J’aime bien

Pour le reste, je passe mon temps à observer....

Les gosses...

Ici les enfants passent leur temps à se battre (notamment avec des manches à balai en ferraille!!!), à faire du vélo (que le papa est allé chourer dans la maison d’un voisin parti pour les vacances), à s’insulter en français et en anglais (« va te foutre », « sale traînée », « misérable crapaud » ou « Fuck to you » sont particulièrement en vogue pour les 5-14 ans)… Mais le passe-temps favoris reste de martyriser les animaux : j’en avais déjà parlé avec les gamins qui lancent des pierres sur les chiens, ou des bâtons, avant de se plaindre que les chiens sont méchants et mordent ! … Ils « chassent » aussi les oiseaux de façon particulière : au lance-pierre, avec des bouts de bois, ou avec des fusils à plomb (généralement l’oiseau est blessé, estropié, mais n’est pas tué). Peu importe l’espèce du volatile, peu importe s’il se mange ou pas : le but est de tuer le plus grand nombre ! Et puis il y a ceux qui sont plus sadiques : ils attirent les oiseaux sur des baguettes recouvertes d’une sève avec des graines, et l’oiseau s’y englue. Alors rien de tel que de le mettre en cage (pour un oiseau de la taille d’un moineau, compter une cage de 15x20x10cm en moyenne… Pour qu’il chante, la recette est simple : il faut le priver de lumière pendant 3 semaines. Et si le petit frère tape sur la cage avec un bâton, on le laisse faire, même si l’oiseau est complètement affolé et manque de faire un arrêt cardiaque !



Les poissons...
ça c'est le "Jamais goûté", le poisson le plus stylé du Maroni (enfin je trouve qu'il a une drôle de tête :-)

Sympa la vie sur le fleuve, non?

Chiquita qui fait la vaisselle la nuit....

Les pirogues ....                  oui, ça fait penser aux vaches qui regardent les trains.....


Les abattis....
Mais quelle est donc cette plante que certains cultivent sur leur abattis? ... ce n'est pas du manioc... ni du maïs... ni de l'igname.... ni même du manguier.... du ca .... du ca... oui oui... c'est bien ça! Mais il est hors de question que j'écrive ce mot sur mon blog, je ne suis pas une délinquante, moua!

Et les actions de la communauté.....

Ah! Et un dernier truc rigolo: quand je suis partie de Sparwine la dernière fois, les habitants ont décidé de mener une ation contre Ribal, l'entreprise qui construit la route et qui offre des salaires de 1500€ à certains Sparwiniens... Tout ça pour tenter de récupérer 3 maisons de bois! Et oui, ils y croient les mecs! Non mais ils ne comprennent pas que l'entreprise leur a fait des promesses qu'ils ne tiendraient pas... Ils sont quand même naïfs! Surtout que le commanditaire de la grève bosse pour Ribal, et qu'il veut garder les maisons pour lui, en faisant croire au villageois qu'il va installer une école! Un vrai barratineur-profiteur le gars!!!

Enfin bref, ça a mis de l'action dans le village (je commençais à m'ennuyer), et puis il y avait un bel amas de détritus à l'entrée du village (ah, pardon... un barrage ils appelle ça!)
... Dire que mon pauvre Maître de stage a failli ne pas pouvoir passer pour me rapatrier sur Kourou!... J'aurais pas apprécié, pour le coup!!!

C’est un peu comme… un dalmatien sans tache… un 14 juillet à Washington… un cookie sans chocolat… un Chabal sans barbe… vous l’aurez compris, la fête de la musique à Sparouine, ça n’existe pas. Enfin si, ça existe, mais c’est nul. C’est comme les autres jours : les blaireaux habituels mettent la musique à fond, et évidemment, c’est soit du reggae, soit du RnB en taki taki ou en français, mais de toute façon ridicule. Morceaux choisis : « T’es con alors ferme ta gueule… T’es un con alors tais-toi … Tu parles trop et tu sais rien… T’es trop con… » (si je vous assure, il existe une chanson avec ces paroles), ou bien : « Bouge les hanches, bébé, tu me plais… et tout le monde te mate… »… Et le tube du moment (ça passe tous les soirs, à raison de 5 ou 6 fois en 3 heures !!!) : «  Nobody wants us to be together, but it doesn’t matter… », avec un chanteur qui chouine !!! ARGGGHHH !!!! C’est pire que les 2be3 ou Jack Johnson ou le groupe « Tragédie » ou  Mariah Carey !!

Bien évidemment, ce sont toujours les mêmes CD qui tournent en boucle… Alors qui veut venir passer la fête de la musique à Sparouine avec moi ? Personne ? … ça ne m’étonne qu’à moitié.

Oh le beau piranha!!!







Il faut savoir qu’à Sparwine, il y a malgré tout des avantages disons… en nature… (Non, mon petit papa, ne saute pas de ta chaise, c’est pas ce que tu crois…). Le gros avantage de visiter les abattis, c’est qu’on se voit offrir des fruits et légumes en tout genre : lundi, des bananes des voisins… mercredi, c’était le jour des concombres (x2) de Maalapou… jeudi c’était le kwak des voisins (je les avais aidé à ramener du bois, alors ils m’ont donné un seau de quoi ? 4 ou 5 kg)… et vendredi, j’ai eu 2 ananas de Leo…



ça c’est pas mal, mais on y prend vite goût : samedi, je n’ai rien eu, alors j’étais un peu déçue… Heureusement, dimanche, Martin (un autre…) m’a donné un énorme ananas et un régime de petites bananes…


et lundi, Joseph m’a apporté un acoupa (« le meilleur poisson du Maroni », même si je préfère la truite française....)


et Francisco une baguette et 100 biscottes… le mardi suivant, encore 4kgs de kwak (j’ai pas pu refuser, mais je vois mal ce que je vais faire de 9kgs de kwak, mis à part le revendre au marché…), et jeudi, 4 moesi (des poissons plats) et 1 autre, un peu plus gros (en tout, peut-être 2kgs de poisson) et des maripas (des fruits de palmier au goût de noisettes… environ 3kgs) 





; le jour suivant : 3 ananas de Freddy, du piment et du riz au coco et aux crevettes des voisins…






Aaaahhh… En gros je mange à l’œil ! Et pourtant, je partage mes « honoraires en nature » avec mon interprète (le petit dernier des voisins, Desmond)… De toute manière il me serait impossible de tout engloutir malgré la super-élasticité de mon estomac. Là, j’ai un gros bidon, et il me reste 2 ananas, des maripas et du kwak pour 3 mois ! Heureusement, parce que le gars de l’ONF qui devait me ravitailler il y a 10 jours n’est toujours pas passé… En gros il m’a fallu survivre 3 semaines avec les provisions prévues pour 2 semaines…

Avec tous ces cadeaux, je fais de nouvelles expériences culinaires : kwak accompagné de bananes frites (bon), kwak au curry (très moyen… beurk !), kwak gonflé au jus d’ananas (pas mal, voire bon), kwak au piment (trop de piment ça fait mal), kwak avec de l’acoupa… ça fait un peu Forrest Gump et les crevettes de Bouba, je sais…

Mais au fait… est-ce que c’est des pots de vin ou de la gentillesse ? Je dirais moitié moitié : ça dépend des gens. Certains sont bons et n’ont presque rien mais donnent de bon cœur… D’autres pensent probablement que je suis un peu corruptible… Que nenni !

Allez, qualques photos...
une belle brochette d'enfants!

D'autres qui vont à l'abattis....

A Sparouine, les habitants sont tous des descendants des mêmes personnes. En fait, un gars qui travaillait à Apatou est arrivé un jour de 1940 (ou quelque chose dans ces eaux-là), et a trouvé le coin sympa. Alors il a fait venir sa femme, ses enfants et un pote (lui aussi avec sa femme et ses enfants. Depuis, tout ce petit monde se reproduit ensemble (avec le cousin, ou la tante des fois !!!), et avec très peu de nouveau sang (un surinamais de temps en temps), on arrive à près de 700 personnes !!! Oui, parce qu’ici, un homme peut avoir 5 femmes en même temps ou en changer régulièrement (des fois, un gars se tape une femme et ensuite sa sœur !)… Alors on peut avoir 16 enfants très rapidement !

 La famille Misiedjan, mes voisins... Une maman, un père qui a 5 femmes, 4 filles, 1 garçon et 2 petits-enfants...

Toute cette petite communauté vit comme les ancêtres (des esclaves échappés des plantations surinamiennes vers 1750), et construit des pirogues, tresse des paniers, fait des vêtements brodés bariolés, se coiffe à l’africaine…

Là, c'est ma coupe de cheveux pour quelques jours... Il faut bien coopérer si on veut obtenir des renseignements... et se faire tripoter la tête en fait partie. Bon, ça n'a duré que 4 jours vu la finesse de mes cheveux et leur degré de crépusité (est-ce un mot français?, j'en doute...)

Les enfants rentrent de l'école et n'ont pas grand chose à faire...
...alors certains se battent devant ma porte pour attirer mon attention... Pathétique...

C’est étrange de voir cette communauté à seulement une heure de St Laurent, totalement isolée jusqu’à il y a 2 ans, et qui est déjà pervertie (ils veulent tous gagner le plus d’argent possible). Et pourtant, il en reste qui semblent vouloir continuer leur vie isolée : il y a les 2 opposés. C’est vraiment bizarre !

Une chose qui m’a choquée aussi, c’est qu’en arrivant je pensais trouver une communauté vivant en harmonie avec son milieu (profitant des ressources naturelles sans les détruire). Peuh ! Quelle désillusion : on coupe tant qu’on a le droit, et on tue les oiseaux, les mygales, les insectes pour le plaisir ! Youpi, c’est trop drôle de démembrer tout ça !

On m’a même demandé s’il y aurait des aides pour construire des routes entre les abattis (en gros, le gars qui me demandait ça envisageait un quadrillage de la zone avec des routes tous les 150m !!!)… ou pour passer au bulldozer les abattis pour en faire des exploitations plus intensives !...

Mais le côté positif, c’est que certains ont les pieds sur terre et veulent développer le village sans pour autant le transformer en nouveau St Laurent… Le problème reste que ceux-là sont rares…